La pandémie COVID19 et son confinement forcé ont mis en lumière toute la pertinence, voire la nécessité d’utiliser des moyens numériques afin de pouvoir offrir des soins de santé mentale à distance. Toutefois, c’est depuis 2014 que la Commission de la santé mentale du Canada propose un changement de paradigme et souligne le rôle de la technologie dans la transformation de la prestation des services de santé mentale. Avant la pandémie plusieurs facteurs empêchaient déjà nombre de personnes aux prises avec un trouble mental, ou à risque de l’être, d’accéder à des soins adaptés à leurs besoins. Pour plus de 50% d’entre elles, l’accès à des soins déployés de façon traditionnelle s’avérerait complexe en raison d‘un accès limité ou de la crainte d’être stigmatisée. Désormais, de plus en plus d’options numériques disponibles sur une multitude de plateformes (applications mobiles, site Internet, jeux sérieux, etc.) permettent de pallier ces difficultés d’accès à des fins de prévention ou de traitement en santé mentale. À ce jour, plusieurs études empiriques suggèrent que ces nouvelles technologies peuvent être efficaces pour prévenir ou réduire les symptômes psychopathologiques. Pour plusieurs d’entre elles, les améliorations notées suite à leur utilisation sont comparables aux traitements traditionnels de psychothérapie. En particulier, les résultats de nombreuses études indiquent que certaines applications mobiles et les plateformes Web visant la réduction des symptômes dépressifs et anxieux sont très prometteuses, que ce soit sous l’angle d’une autogestion autonome ou en appui à un traitement traditionnel. En particulier, ces interventions numériques peuvent faciliter:
- le déploiement de composantes thérapeutiques qui ne nécessitent pas un contact direct (p. ex. la psychoéducation)
- l’accès à des stratégies d’autosoins à utiliser entre les rencontres ou en attente de services (p. ex. régulation des émotions, activation comportementale)
- l’application de stratégies accessibles uniquement par le biais de la technologie (p. ex. la réalité virtuelle).
Les outils numériques, qu’ils soient pour la clinique ou la recherche, doivent reposer sur des balises de développement et d’utilisation responsables et éthiques. Les éléments incontournables à considérer sont, entre autres, l’efficacité documentée de ces outils, la sécurité, la confidentialité, l’accessibilité de même que le caractère inclusif. De surcroît, bien qu’initialement négligés, plusieurs aspects retiennent maintenant l’attention d’un nombre croissant de personnes impliquées dans le développement de ces outils, tels que la coconstruction (ou codesign) afin d’optimiser l’engagement, l’adhésion et le soutien des utilisateurs ainsi que la nécessité de déployer ces outils par le biais d’une stratégie d’offre intégrée de services idoines.
Pour en savoir plus sur le sujet, Stéphane Bouchard, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en cyberpsychologie clinique et professeur à l’Université du Québec à Montréal, et Stéphane Guay, directeur scientifique du Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal et codirecteur du Centre Axel ont répondu aux questions de Marie-Hélène Proulx dans le magazine L’Actualité.
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